Que disent les web designers derrière votre dos ?
Le prestataire soupire. À ses yeux, son client est un ringard, qui ferait mieux de vivre avec son temps !
Elles sont fascinantes car elle restent toujours valables, malgré les années, pour illustrer les rancœurs des prestataires envers leurs clients.
Elles sont étranges, car les web designers les ont postées pour se moquer de leurs clients — alors qu’il y a de nombreux cas où le client a raison !
On y découvre le fossé qui peut exister entre les entreprises désirant réaliser un projet web et leurs agences ou leurs web designers indépendants.
Contre le visiteur aveugle, un soupçon de mauvaise foi
Un exemple frappant est le cas du client qui réclame que son site soit “vu” par un visiteur aveugle.
Le visiteur en question s’est directement plaint au client de ne pas accéder au catalogue. Le client transmet donc le problème à l’agence, de manière alarmé semble-t-il.
Réponse du prestataire ? “Est-ce que vous imprimez votre catalogue [papier] en braille ?”. La question est rhétorique, puisque la réponse négative est connu de tous, et ne sert qu’à clore le problème. “Won’t fix”…
Bien sur, nous savons que la non-accessibilité du site résulte de mauvais choix techniques, et qu’il est plus simple — et moins cher — de rendre un site accessible que d’imprimer en braille.
J’imagine que depuis ce client a trouvé un prestataire plus soucieux de l’accessibilité… et de moins mauvaise foi quand il s’agit de se justifier.
Le soupir du web designer face au client ringard
Une autre demande provoque un soupir public — ” *sigh* ” — de la part du prestataire :
“our web site doesn’t load if I turn javascript off … please fix this”
“notre site web ne se charge pas si je désactive javascript … merci de corriger ça”
C’est pourtant une demande très raisonnable, y compris 8 ans plus tard.
Le prestataire soupire, donc. On peut imaginer que sa réponse a été que tous les navigateurs web ont Javascript activés par défaut. À ses yeux, son client est un ringard, qui ferait mieux de vivre avec son temps !
Disons le tout de suite, une réponse de ce type, une réponse sur un plan purement technique, n’est pas une réponse acceptable.
A torts partagés
Mais dans ces deux anecdotes, la faute n’en revient pas entièrement au prestataire. Car le client n’a probablement pas posé la question de la bonne manière : il lui manquait une référence essentielle.
Cette référence, c’est une stratégie web pour le site. Une stratégie qui donne à la réalisation ses objectifs, son périmètre d’utilisateurs, les usages prévus.
Sans critères stratégiques acceptés et connus de tous pour valider — ou invalider — les demandes, on se retrouve dans un conflit client-prestataire typique.
Pourquoi ? Parce que le client réclame une modification en arguant que ça ne va pas. Et que le prestataire lui répond que tout fonctionne et que la demande est un minuscule cas particulier. Opinions et goûts deviennent les pivots du projet.
Opinions et goûts, ou Objectifs et stratégie ?
Il faut bien sur abandonner les opinions et les goûts de chacun — client comme prestataire — et se baser sur les objectifs et la stratégie. Même une couleur peut être évaluée stratégiquement (demandez aux spécialistes du marketing direct !).
Pour revenir au javascript obligatoire, le problème est donc : “Ce choix technique va avoir un impact sur la lecture sur téléphone mobile, l’indexation dans les moteurs de recherche et l’accessibilité du site — est-ce acceptable vis-à-vis de la stratégie web prévue ?”
La réponse sera alors probablement non, ce n’est pas acceptable. Le client le saura de manière ferme. Le prestataire le saura aussi. Primauté donnée à la stratégie web de l’entreprise. Conflit d’ego résolu.