3 nouveaux types de profs qui ne donnent pas de cours (universités, écoles et masters)
La mission d’un prof est de donner un cours et de transmettre un savoir. Et non ! Voici 3 nouveaux genres de profs, observés in-vivo dans des écoles web. Ils ne donnent pas de cours !
Le Guide touristique
Nicolas Loubet à la WebSchoolFactory à ce rôle depuis quelques mois.
Quelles missions ? Il emmène les étudiants participer aux communautés professionnelles extérieures à l’école, de manière proactive.
Il les fait participer à l’écosystème local, assister aux événements tel que les soirées Dizain, la Social Media Week, Futur en Seine, visiter des lieux de créativité et d’innovation collective comme Mutinerie, La Paillasse.
Pourquoi ? Dès la première année les étudiants rencontrent leurs pairs et futurs pairs, et intégrent pleinement leur milieu professionnel.
À ma grande tristesse plusieurs écoles à qui j’ai proposé de créer ce rôle ne l’ont pas encore intégré dans leur programme, malgré son importance.
Le résultat est que les étudiants sortent de ces écoles au bout de plusieurs années sans avoir réellement intégré leurs communautés professionnelles, mis à part un faible nombre de rencontres – profs, invités occasionnels.
Un bon professionnel est un professionnel connecté à sa communauté professionnelle. La notion de réseau s’élargit. La communauté professionnelle englobe pairs, collègues, clients, mais aussi concurrents, co-opétiteurs, associés potentiels, futurs employés ou employeurs.
Grâce à son “guide touristique”, un étudiant peut en 5 ans d’études rencontrer littéralement des centaines de professionnels.
L’organisatrice de sprint
Patricia Gallot-Lavallée a créé ce rôle à l’IIM. Elle applique le sprint des méthodes agiles aux projets que les étudiants ont à réaliser pour des clients extérieurs – la Bourse Aux Projets dans le jargon local.
Quelles missions ? Elle anime une mini agence web d’étudiants qui travaillent en mode sprint.
Elle met en place et garantie le rythme semestriel, elle donne l’habitude aux étudiants de créer avec les utilisateurs, et elle les accompagne dans l’utilisation de méthodes de gestion de projet qui évitent d’alourdir et de ralentir leur projet.
Pourquoi ? Cette agence agile a supprimé les réunions entre techniciens et chefs de projet, transformant les heures de discussions sans fin en sprints créatifs et productifs.
Le mot d’ordre est de mettre en ligne tout de suite, quelque chose, de tester, et de travailler le marshmallow en haut !
Cela prépare bien mieux les étudiants à faire des sites utiles, utilisés et utilisables. Cela leur évite d’appliquer des méthodes basées sur des documents ultra-détaillés qui prennent tout le temps de conception, mais sont périmés avant même d’avoir été fini. Et cela leur évite de travailler à partir de maquettes en images statiques qui ne disent rien de l’interactivité du projet.
Les projets sont meilleurs, plus rapidement livrés, et passent par de nombreuses phases de tests au lieu d’une seule.
Le coach de code
J’ai moi même endossé ce rôle à la Fonderie de l’Image ainsi qu’à l’IIM, en adaptant aux étudiants mes expériences dans les milieux techno-créatifs : Dorkbot, Museomix, Switch On Switch Off et Coding Goûter.
Quelles missions ? Le coach de code anime des ateliers de programmation sous forme de mashup, de ‘hello world’.
Il ne donne pas de cours classiques, car ils ne sont pas appropriés à ses objectifs pédagogiques. Il favorise le choix des objectifs et la progression individuelle.
Pourquoi ? L’importance d’apprendre à coder, quelque soit son métier, est en passe d’être reconnue.
Mais on ne peut pas apprendre à des étudiants en école de commerce, en communication ou en design à programmer de la même manière qu’à des étudiants en science informatique qui programment depuis qu’ils sont enfants ou ados !
Les cours de code classiques font des dégats : on insiste pour y enseigner “les bases” aux étudiants avant toutes choses (par exemple, trop fun, les opérateurs ternaires en PHP), via des exercices dénués de toute créativité.
La vrai base, c’est de commencer par mettre la main à la pate, tester des choses, modifier des exemples simples sans se soucier des erreurs. Exactement ce que font les développeurs quand ils sont enfants, ou découvrent un nouveau langage !
J’ai récupéré en 2013 des étudiants web qui m’ont avoué avoir été dégoutés par leur cours classiques d’initiation à la programmation. Après une session de code en mode atelier créatif, guidés par leurs envies et leur propre progression, ils m’ont dit : «je me suis réconcilié avec le code !»
3 rôles qui redessinent les écoles web, mais pas seulement
Ces 3 exemples viennent d’écoles web. Il en existe d’autres, dans d’autres écoles, basés sur les même valeurs :
l’ouverture à l’extérieur, la création collective, le choix, et la progression individuelle.
À vous de jouer, et de les repérer !
PS : et si vous êtes directeur pédagogique, intégrez ces rôles. Vos étudiants vous remercierons, et votre école améliorera sa réputation ;-)