Est-ce que les experts du web complotent pour le pouvoir absolu ?

Un spécialiste gourmand se retrouve à devoir résoudre des problèmes qu'il ne peut résoudre

Les ergonomes le font. Les spécialistes marketing le font. Les graphistes le font. Et aujourd’hui les ultra-spécialistes d’une discipline mystérieuse, magique et devenue incontournable à l’heure de Google tout puissant, et bien le font aussi.

Et oui, c’est maintenant les SEO — les spécialistes de l’indexation par les moteurs de recherche — qui veulent prendre le contrôle de votre stratégie web.

Le SEO qui voulait se faire plus gros que…

Voici donc une SEO reconnue, Ann Smarty, qui dévoile ouvertement ses plans, au détour d’un article anodin :

Ann Smarty donne par ailleurs de très bon conseils SEO sur Search Engine Journal “Keyword research is the first thing you do when planning a website. You do it before thinking over the site architecture and creating the content. Keyword research is the what you do to estimate your competition and create a promotion strategy”


“La recherche sur les mots clefs est la première chose à faire quand vous planifiez un site web. Vous le faite avant de penser à l’architecture du site et de créer le contenu. La recherche sur les mots clefs est ce que vous faite pour estimer votre compétition et créer votre stratégie de promotion”

Elle fait donc passer la recherche sur les mots clés comme la toute première priorité stratégique.

Les mots clefs devraient tout à la fois anticiper le contenu du site, précéder l’étude des besoins des visiteurs potentiels et semble-t-il définir entièrement la stratégie de promotion.

SEO, une discipline, voire une sous-discipline

La faille de ce plan machiavélique pour la domination du web, c’est que la discipline SEO n’est elle même qu’un sous-ensemble du travail sur la “findability” — c’est la findability seulement pour les moteurs de recherche.

Il est donc difficile de laisser penser que cette spécialité, seule, puisse anticiper et orchestrer l’ensemble de la stratégie web d’un projet.

C’est un classique. Les experts ultra-spécialistes ont tendance à étendre de manière continue le périmètre de leur discipline. Se rendant compte que l’ensemble des autres disciplines influent sur leur travail, ils sont tentés de prendre de plus en plus de contrôle.

Le style rédactionnel n’est pas assez optimisé pour les moteurs ? Il est tentant de pousser à modifier l’ensemble des textes — quitte à faire fuir les visiteurs devant ces textes promotionnels répétitifs…

Mais un spécialiste qui cherche à piloter un trop large périmètre est un spécialiste trop gourmand.

Et un spécialiste trop gourmand se retrouve à devoir résoudre des problèmes qu’il ne peut résoudre. Par exemple, augmenter le taux de conversion des visiteurs en acheteur, ou même simplement en lecteur régulier.

Sa pratique n’est tout simplement pas adaptée.

Des contraintes variées donnent des structures variées

Il est probable qu’un architecte d’information verrait cela de manière bien différente. Bien sur, l’optimisation pour les moteurs de recherche peut tout à fait être une partie intégrante de son processus de création de structures d’information.

Mais l’architecte d’information, pour continuer sur cet exemple, aura bien d’autres contraintes à prendre en compte : les principales taches que les utilisateurs doivent pouvoir accomplir, les contenus pré-existants, les éléments sociaux et communautaires de l’expérience du visiteur, etc.

Flickr, par exemple, n’a pas construit son site communautaire avec cet objectif. Les tags, mots-clefs qui permettent aux photos d’être bien mieux indexées, sont arrivés bien après.

Oui, “être bien placé dans les moteurs de recherche” est un objectif important. Mais selon les projets, il ne sera pas nécessairement l’objectif principal. Choisissez les experts en partant de votre stratégie, et non l’inverse.