Coutumes tribales - ia / recon version française chapitre 2 sur 6
Julien, 5 juillet 2008
Dans l'architecture d'information, tous les défis structuraux sont actuellement vus comme des variantes du problème de la recherche d'information
Cette faille c’est la focalisation centrale sur le problème de la recherche d’information. Se limiter à répondre au problème de la recherche d’information, c’est ignorer qu’il existe de nombreuses autres possibilités d’architecture : “Certaines structures visent à enseigner; d’autres à informer; d’autres encore à persuader”.
Toutes les publications papiers ne sont pas des dictionnaires ou des annuaires. De la même manière un architecte d’information doit apprendre à utiliser toute la gammes des structures à sa disposition, selon les objectifs du projet web sur lequel il travaille.
Si vous ne savez pas qui est Jesse James Garrett, si vous ne connaissez pas le contexte de publication de ia / recon, texte de 2002, commencez par lire le premier chapitre de l’article, qui est précédé d’une introduction.
Chapitre 2 sur 6 : Coutumes tribales
L’architecture d’information englobe une vaste étendue de problèmes. Mais quelque soit le contexte spécifique ou les objectifs d’un projet d’architecture d’information donné, notre souci est toujours de créer des structures qui facilitent une communication efficace [effective, ayant un effet]. Cette notion est le cœur de notre discipline.Mon origine professionnelle se trouve dans ce qu’on appelle dans notre industrie “développement du contenu” [content development], un secteur connu par le reste du monde comme “écrire et diriger l’édition d’un texte”. Pour une raison ou une autre, peu d’entre nous ont fait la transition de ce monde au monde de l’AI, et je me retrouve souvent à devoir expliquer la connections.
À travers l’histoire de l’humanité, les gens les plus concernés par une communication efficace ont été ceux qui travaillaient avec le langage. Avant l’hypertexte, avant le bon vieux texte lui même, le langage est la boite à outil originelle pour “architecturer l’information”.
Quand la plupart des gens pensent au travail de rédacteur [editor, ce qui peut couvrir chef de rubrique et assistant de rédaction ou rédacteur en chef, editor-in-chief], je pense qu’ils s’imaginent quelqu’un de courbé au dessus d’un bureau, un stylo rouge dans une main, annotant un flux sans fin de texte, nettoyant des infinitifs séparés [une forme courante en anglais mais mal vue des traditionalistes] et agitant des participes passés et autres choses du genre. Mais le rôle du rédacteur et la discipline éditoriale sont deux choses très différentes. Bien qu’il y ait sans aucun doute certaines personnes qui se spécialisent dans ce type de travail, être un rédacteur est généralement beaucoup plus que ça.
Au sens le plus large, le travail d’un rédacteur est d’aider les journalistes à donner à leurs textes plus d’effet. Ceci implique la grammaire, la ponctuation et le choix des mots, bien sûr, mais une énorme part du travail de tout rédacteur concerne la création de structures efficaces. Un rédacteur peut-être responsable de structures à de nombreuses échelles, depuis l’encyclopédie jusqu’au manuel jusqu’à l’article jusqu’au paragraphe jusqu’à la phrase.
Comme le rédacteur, l’architecte d’information est le plus fondamentalement concerné par la création de structures d’information. Mais la discipline architecture d’information voit cette responsabilité sous un angle très différent. Dans le monde de l’architecture d’information, tous les défis structuraux sont actuellement vus comme des variantes du même problème — le problème de la recherche d’information [information retrieval].
La discipline éditoriale doit elle aussi se débattre avec les problèmes de recherche d’information. Beaucoup de publications sont structurées pour faciliter la recherche d’information : annuaires, dictionnaires, atlas. Ceux-là, pour autant, forment seulement une fraction de l’incalculable volume de contenu publié chaque année.
Toute ces autres publications (celles qui ne sont pas des dictionnaires ou des atlas) ont, de même, une structure. Mais ces structures peuvent ne pas refléter les schémas de classification bien ordonnés que l’on s’attendrait à trouver dans un ouvrage de référence. Ceux qui écrivent et ceux qui dirigent l’édition utilisent la structure pour atteindre une gamme variée d’objectifs. Certaines structures visent à enseigner; d’autres à informer; d’autres encore à persuader.
Je crois que l’architecture d’information peut aussi prendre en compte cette gamme plus large de problèmes, et que ce potentiel est déjà latent dans la discipline telle qu’elle est aujourd’hui pratiquée. Je crois que le champ de l’architecture d’information dépassera au final la sphère de la recherche d’information. Mais notre approche actuelle ne sera pas suffisante pour amener l’architecture d’information à son plein potentiel.
Si vous aviez demandé à la rédactrice d’un magazine ou d’un journal si la structure de son produit avait été testé sur des lecteurs avant sa publication, elle vous aurait ri au nez. Pour elle, développer des structures efficaces est une question d’exercice de son jugement professionnel — jugement aiguisé par des années d’essais et d’erreurs et par l’expérience durement acquise de son métier.
Pour elle, la preuve de son efficacité dans sa discipline est sa capacité à exercer ce jugement. Pour elle, ce jugement est la raison même de l’existence de son rôle. Pour elle, l’idée d’abandonner ce jugement professionnel et de remodeler son rôle en un tuyau à travers lequel les résultats de la recherche scientifique deviennent des structures serait tout simplement absurde.
Et vous savez quoi ? Elle a raison.
Jesse James Garrett, 2002 (Trad. Julien Dorra 2008)
Chapitre précédent :
1/6 La discipline et le rôle
Chapitres suivants :
3/6 Se déguiser avec des blouses de labo
À venir :
4/6 Et c’est alors qu’un miracle a lieu
5/6 L’architecte de demain
6/6 Secrets et messages