Confession d'un ex-programmeur «doué pour son âge»
De jeune programmeur précoce, je suis devenu un codeur du dimanche tardif.
À l’occasion des Coding Goûters, je publie une courte série d’article. Retrouvez-les sur ils.sont.la
Voici un aveu: j’ai été un jeune programmeur. Entre 9 et 13 ans, j’ai appris et programmé en BASIC puis en Pascal. Oui, mes parents étaient au courant.
Programmer à 9 ans ? Si je m’en réfère à mon entourage, c’est un âge finalement assez courant pour commencer. Un âge qui permet de devenir ensuite un adolescent expérimenté : de nos jours, chaque communauté Open Source a ses développeurs adolescents.
Dmitri Gaskin en est un exemple frappant. Il commence par utiliser Drupal 4.7 à 11 ans, et à 14 ans contribue à l’architecture de Drupal 8. Drupal est utilisé par la Maison Blanche et le gouvernement français. Un peu plus significatif qu’un jeu sur iPhone, donc. Dmitri est loin d’être le seul. Firefox, par exemple, a aussi profité de l’énergie et de la passion de nombreux adolescents, dès l’époque du lancement du l’ouverture de Mozilla chez Netscape.
De «Jeux d’ordinateurs en BASIC» aux ressources du web
À l’époque de mon adolescence, il n’y avait pas de web grand public pour dénicher des ressources, échanger avec ses pairs et contribuer à des projets d’envergure mondiale.
L’apprentissage passait par des livres, des magazines papiers et des manuels de références, grâce auxquels on avait la joie de recopier du code à la main; et des clubs informatiques pour essayer des choses ensemble. Le grand best-seller historique de la recopie de code, c’est Jeux d’ordinateurs en BASIC, BASIC Computer Games dans sa version originale.
Et j’ai donc lu, recopié, et fini par écrire mes propres programmes.
Vers 13 ans j’ai abandonné le code pour le graphisme, la création typographique et la performance artistique. Je ne suis pas devenu programmeur professionnel.
Au fil des ans, l’utilité du code revenait toujours, sous une forme ou une autre. Requêtes SQL pour récupérer des données, script DVD Studio Pro pour rendre un DVD-vidéo interactif, templating PHP+HTML pour modifier l’affichage d’un site web.
Et des macro Excel ? Non très peu, merci bien :-) Mais mon frère est un ninja d’Excel. Il fait des choses avec Excel que vous ne pouvez même pas imaginer.
Lire, écrire, compter, et programmer
Pouvoir lire, comprendre et, un peu, écrire du code est un talent qui me sert tout le temps. Il me sert à débloquer des choses, à parler avec ceux qui en font leur métier, à comprendre les technologies qui émergent. Il me sert à donner du sens au monde programmable dans lequel nous sommes entré.
Savoir programmer c’est disposer d’un outil de plus pour créer. Comme savoir écrire des histoires, peindre des tableaux ou composer de la musique.
L’impact de l’apprentissage de la programmation va au delà des services pratiques rendus. C’est un enjeu qui se situe au niveau de celui de l’apprentissage de la lecture, de l’écriture, et des mathématiques. Un enjeu social, familial et personnel.
En étant parmi ceux qui savent lire, écrire, compter *et* programmer, on peut en toute connaissance de cause faire parti de la société numérique. Les enjeux sont plus clairs, les manipulations plus difficiles.
Le retour du script-kiddie prodigue
Cette année, je vais certainement utiliser Javascript pour créer des outils de navigation et de lecture plus simples et plus agréables dans des livres au format epub. Je vais aussi créer des jeux avec ma fille – avec des lapins et de carottes, elle y tient :-)
Pour la première fois depuis longtemps, je vais donc créer des programmes complets. Un moyen d’explorer de nouvelles pistes créatives avec les technologies.
De jeune programmeur précoce, je suis devenu un codeur du dimanche tardif.
Mais, hey ! Nous n’apprenons pas tous à écrire pour devenir écrivain à succès ! (Ah ? Vous me dites que justement maintenant si, grâce à Amazon et compagnie ? D’accord, d’accord, mais c’est un tout autre sujet que nous pourrons aborder un autre jour…)
Sous le pavé du cours d’informatique, la plage du code
Avec la banalisation du matériel, les cours d’informatiques sont devenus un mélange de bureautique, de PAO et de montage vidéo amateur. Un mélange un peu aléatoire, où l’usage remplace la compréhension.
C’est ainsi que la fille d’Antonio reçoit doctement un cours sur l’envoi de emails, à 12 ans. Elle le fait depuis au moins 2 ans, comme une majorité des enfants de sa classe.
Avec le Coding Goûter, nous avons eu envie de proposer une vision différente. Ni cours, ni informatique. Mais le plaisir de créer ensemble. Et de comprendre ensemble.
Un moment pour les enfants, pour les parents aussi, où l’on peut explorer, rater, recommencer. S’amuser ensemble, avec du code !
Vous voulez faire partager la programmation à vos enfants, ou à ceux des autres ? Besoin de conseils ? Envie de passer observer le prochain Coding Goûter en mode petite souris ? Contactez-moi !